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Cinéma

Billet D’Humeur #2 : On est (vraiment) à côté de la plaque

Depuis un bon moment déjà, l’humanité est envahie par les remakes, reboots et autres adaptations de bouquins en tout genre. Aucun gouvernement n’a pour l’instant soulevé une armée afin d’exterminer ces parasites qui détruisent à petit feu le paysage audiovisuel mondial. Et il semblerait même que les populations soient plus préoccupées par la couleur de peau ou le sexe des acteurs et actrices qui incarneront leurs personnages préférés dans ces productions envahissantes ; comme ce fut le cas pour Death Note, il y a quelques jours.

Cette adaptation américaine par le réalisateur Adam Wingard a fait jaillir une vague de colère chez les fans puristes du célèbre manga de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata. Certains d’entre eux ont même qualifié Dragon Ball Evolution de chef d’œuvre à côté de cela. Sacrilège. Les principales raisons de cette haine ? Tout se passe en Amérique, la psychologie de quelques personnages diverge du manga, et – oh mon Dieu – un Noir joue L. Fuyez ! Pourtant, les Japonais ont également adapté Death Note ; ils en ont même fait quatre. « Oui, mais ils ne sont pas terribles », me diront les puristes. Peut-être, mais pourquoi ne provoquent-ils aucune réaction dans ce cas ? Et j’y réponds : parce que ces films se passent au Japon, et qu’il y a des acteurs japonais. De ce fait, il semble plus facile de s’attaquer à un film qui tente d’apporter une touche occidentale afin qu’il puisse parler à un public plus large. Ne faisons pas comme s’il n’y avait jamais eu de remakes américains de films asiatiques. Infiltré de Martin Scorsese ? The Ring de Gore Verbinski ? Les Sept Mercenaires de John Sturges ? Old Boy de Spike Lee ? On trouve du bon et du mauvais dans tout. On trouve donc du bon et du mauvais dans le Death Note de Netflix.

Sauf que là où je veux en venir, c’est que beaucoup d’internautes perdent leur temps à pleurer sur le fait que Domino sera jouée par une afro-américaine dans Deadpool 2, que Gal Gadot n’arbore pas une poitrine généreuse dans Wonder Woman, ou que le Baron Zemo ne porte pas son masque dans Captain America : Civil War. Vous comprenez ? Nous nous aveuglons nous-mêmes ! Nous ne voyons pas le problème, bien qu’il se situe juste là, devant nos yeux. En 17 ans, nous avons eu deux Batman, trois Superman, trois Spiderman, trois Hulk, deux King Kong, huit Fast & Furious, cinq Transformers, quatre Star Wars, et j’en passe. Le pire dans tout ça ? Le public en redemande encore et encore. Aujourd’hui, on constate clairement un manque d’idées au sein des grosses sociétés cinématographiques. Néanmoins, Hollywood adapte des bouquins et autre depuis sa création et certes, toutefois, cette volonté d’absolument tout adapter remonte à pas si longtemps. Les Majors (les plus grosses sociétés de production de films, tels que Warner Bros., 20th Century Fox ou encore Universal) ne laissent plus beaucoup de place aux idées nouvelles, aux productions originales. Certains réalisateurs dont Quentin Tarantino, par exemple, résistent encore en nous pondant des histoires tout droit sorties de leur imaginaire. De plus, des jeunes cinéastes comme Jordan Peele (Keanu, Get Out), Damien Chazelle (Whiplash, La La Land) ou encore Neil Blomkamp (District 9, Chappie, Elysium) luttent également contre cette « politique du remake » en mélangeant subtilement les genres pour ainsi offrir quelque chose de neuf et de frais aux spectateurs conditionnés…

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Bien évidemment, je n’oublie pas que la majorité de mes articles traite de ces productions à gros budget. Cependant, j’ai reçu l’illumination en voyant Get Out de Jordan Peele, et en réalisant que ce genre de films mériterait une mise en avant plus poussive, ainsi qu’une publicité aussi agressive que celle des superproductions. Le (tout premier) long-métrage de Peele réussit à mélanger habilement le thriller et l’horreur, tout en y insérant quelques éléments comiques ; au vu de la notoriété du réalisateur en tant que comédien. Son œuvre comporte également une certaine connotation sociale, laissant ainsi trainer un message, sans trop appuyer dessus, bien sûr. Pour accentuer encore plus mon propos avec un autre exemple, parlons de District 9 de Neil Blomkamp. Ce dernier devait à l’origine réaliser la première adaptation cinématographique du jeu vidéo Halo, avec le soutien de Peter Jackson à la production. Pour manque de budget, le projet ne se concrétise pas, mais Neil a une idée : transformer un de ses propres courts-métrages en long-métrage. District 9 voit donc le jour. Blomkamp parle de l’apartheid et de la ségrégation raciale à travers une histoire de science-fiction en Afrique du Sud dans laquelle les extra-terrestres endossent le rôle des persécutés. Originalité maximale !

Le public ne devrait pas se focaliser sur l’origine d’un(e) acteur/actrice, sur son physique ou sur la marque de son string. Je peux bien comprendre qu’une apparence respectée fasse plaisir aux fans, mais seule la performance compte vraiment, non ? Si Kevin McKidd était amené à interpréter Batman avec charisme et noirceur, personnellement, je ne m’en plaindrais pas. Malheureusement, Hollywood se préoccupe plus de savoir si une production va rapporter de l’argent ou non, du coup, puisque les adaptations, les remakes et reboots remplissent les caisses, nous n’en avons pas fini d’en engloutir en abondance. On est vraiment à côté de la plaque…

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